En regardant par la fenêtre du TGV qui nous conduisait de Tours à Paris, j'ai été horrifié par la vision de ce que j'ai aperçu dans le paysage beauceron, cher à Péguy et à Marcel Proust : une forêt d'éoliennes blanches, tournant avec le vent. Un des éléments les plus précieux de la culture française que nous pouvons espérer conserver, c'est bien notre paysage. Comme Président de la République, j'avais agi pour protéger les côtes françaises, en créant le Conservatoire du littoral, qui nous a évité la défiguration du rivage. Mais voici que le puissant lobby germano-danois des éoliennes s'attaque à la campagne française depuis la haute Auvergne jusqu'à Chartres. Nous manquons d'énergies renouvelables, avancent les promoteurs, qui s'en prennent à deux maillons faibles : les agriculteurs dont ils louent le terrain, et les maires auxquels on promet des recettes fiscales. Or il ne s'agit pas d'énergie renouvelable, mais d'énergie subventionnée. L'électricité produite est payée (par le contribuable) trois fois plus chère que le tarif d'Electricité de France, et coûte une fois et demie le prix de l'électricité nucléaire. S'ajoutent à cela de substantiels avantages fiscaux pour les promoteurs. La nature a été défigurée à l'est de Berlin par la rotation de ces silhouettes dégingandées et funèbres. Il est grand temps que les pouvoirs publics se saisissent du dossier, en demandant une expertise financière et technique à un organisme indépendant, et en décidant un moratoire dans l'attente de ses conclusions. Ecoute, bûcheron, arrête un peu le bras... Combien de feux, de fers, de morts, et de détresses, mérites-tu, méchant, pour tuer nos déesses ?